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Recrutement : la fin du règne des diplômes

Le diplôme sera-t-il toujours aussi puissant à l’avenir ?

L’année 2020 marque sans doute un tournant pour ce qui est du rôle que joueront les diplômes dans le monde du travail de demain. Premièrement, certain.e.s diplômé.e.s de 2020 ont reçu leur diplôme parfois sans examen en cette année de pandémie. Deuxièmement, la crise liée au Covid-19, et le confinement, accélèrent la transition numérique de l’économie et renforcent les alternatives au diplôme : le rayonnement sur les réseaux sociaux, la construction d’une légitimité professionnelle via des projets entrepreneuriaux, la reconnaissance par les pairs… Troisièmement, la crise économique et les contraintes qu’elle impose obligent et invitent beaucoup d’individus à sortir des cadres, par exemple, en se lançant dans le travail indépendant.

L’adéquationisme, c’est-à-dire le fait de ne recruter que des gens dont les diplômes et expériences passées correspondent exactement au poste qu’on cherche à pourvoir, est un mal très français. L’adéquationisme est aussi un frein à l’innovation, un anachronisme à un âge où des nouveaux métiers naissent et des nouveaux modèles doivent être inventés.

Le monde de l’informatique est riche d’enseignements sur la fin de la toute-puissance des diplômes et de l’adéquationisme. Sur ce marché pénurique et en transformation, il existe déjà de nouvelles formations, de nouveaux signaux et des nouvelles manières de recruter. Et si ce monde-là en inspirait d’autres ?

L’innovation dans le recrutement ne concerne pas seulement les nouveaux outils et canaux numériques. Elle est également tirée par des changements culturels et des nouvelles aspirations. Les nombreux « atypiques » sur le marché de l’emploi aspirent à un changement de paradigme en matière de recrutement : ils/elles rêvent qu’on s’intéresse davantage à leurs potentiel et projets futurs, plutôt qu’à leurs seules réalisations passées. S’il faut changer de carrières plusieurs fois, se former à nouveau et se réinventer, ne serons-nous pas tous des « atypiques » demain ?

Il existe deux manières de voir le diplôme. La première repose sur la théorie du signal. La seconde sur l’idée que le diplôme valide un « capital humain » de connaissances et savoir-faire acquis pendant une formation. Selon l’économiste Michael Spence, l’enseignement supérieur n’a pas vraiment d’effet sur la productivité future de la personne, mais sert à prouver sa compétence face aux employeurs.

Cognitivement, nous ne sommes pas égaux. Or le système des grandes écoles prive les late bloomers (« floraisons tardives ») des mêmes opportunités que les « bêtes à concours ». Les plus déterminés finissent pas trouver un moyen de prouver leur talent et leur légitimité, mais leur parcours est semé d’embûches et rien ne leur facilite la tâche. La vision « jeuniste » du talent que trahit ce système est particulièrement peu en phase avec les évolutions de notre société, de notre démographie et de notre économie.

The Body Shop USA a récemment adopté une politique de open hiring (First-in, First-hired) pour embaucher le personnel de ses centres de distribution et entrepôts. Désormais, on y fait l’impasse sur la sélection des CV et la vérification des références. Seules trois questions sont posées aux candidats :

– Avez-vous le droit de travailler aux Etats-Unis ?

– Pouvez rester debout 8 heures d’affilée ?

– Êtes-vous capables de porter des charges de plus de 20 kilos ?

Source : Welcome to the jungle