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L’AFEST

L’AFEST (Action de Formation en Situation de Travail) a eu à la fois l’avantage et l’inconvénient d’être introduite par une loi, celle du 5 septembre 2018 dite « Avenir professionnel ».

Avantages, elle a été connue et reconnue par tous les professionnels en quelques mois. Elle a bénéficié d’un engouement rarement constaté dans le milieu. Comparé au E-Learning à la fin des années 1990 ou aux MOOC dans les années 2010, l’AFEST s’est imposée en moins de deux ans là où il aura fallu entre 5 (les MOOC) et 10 ans (le E-learning) pour acquérir une certaine reconnaissance. Seule la zoomification des formations a peut-être fait mieux. Mais le contexte particulier de la crise sanitaire rend difficile la comparaison.

Inconvénients, l’AFEST a tendance à être perçue aujourd’hui comme un simple dispositif de formation qui permettrait de bénéficier de co-financements. Ces co-financements ne sont pas négligeables, mais ils restent circonscrits à des contextes précis : formation des entreprises de moins de 50 salariés (prochainement moins de 250 probablement), formation dans le cadre de contrats de professionnalisation ou de la Pro-A (et demain la Transco) et bien entendu tous types de formations pilotées par les Régions et Pôle Emploi.

Malheureusement, responsables de formation, dirigeants d’organisme de formation et consultants formateurs indépendants rebroussent chemin quand ils s’aperçoivent que ces co-financements ne sont pas aussi faciles d’accès qu’espérés ou qu’ils nécessitent quelques exigences en termes de formalisme. Ils font selon nous fausse route. L’AFEST est loin d’être si compliquée qu’ils ne le prétendent et présente des avantages pédagogiques indéniables pour la crise sanitaire actuelle et le monde d’après.

Un formalisme pas plus exigent que pour la FAD ou le présentiel

La loi du 5 septembre 2018 n’a pas qu’introduit l’AFEST dans le code du travail, elle a (re)défini également l’action de formation et ses modalités de preuves et de réalisation en unifiant les démarches à réaliser quelle que soit la modalité (Présentiel, FAD ou AFEST).

Aujourd’hui deux conditions restent incontournables pour faire la preuve d’une action de formation qu’elle soit co-financée par un OPCO, Pôle emploi ou les régions.

1) Informer le bénéficiaire des conditions de réalisation de la formation. Pour le présentiel une fiche programme détaillée suffit (avec Qualiopi, le détail devient relativement important !), pour la FAD et l’AFEST, un protocole individuel de formation dit « PIF » peut très bien faire l’affaire. Et ce PIF, quand on y regarde de près, n’est rien d’autre qu’une fiche programme très détaillée et adaptée au contexte de la FAD et de l’AFEST.

2) Conserver des preuves de réalisation de l’action par tout « élément probant » en cas de contrôle du financeur ou du juge prud’homal pour l’obligation d’employabilité de l’employeur. Pour le présentiel, la bonne vieille feuille d’émargement suffit amplement, même si elle n’est plus l’alpha et l’omega de la justification de la réalisation. Pour la FAD, ce sera des résultats aux quiz, des travaux corrigés ou encore des extractions de données de la plateforme de gestion du digital learning (LMS). Pour l’AFEST, c’est la preuve d’une analyse du travail qui peut se traduire simplement par l’identification des compétences visées et des preuves de réflexivité, c’est-à-dire des preuves de la réflexion de l’apprenant sur son travail. Ces preuves de réflexivité peuvent prendre de multiples formes :

  • Un compte rendu de formation rédigé par l’apprenant ou co-dirigé par avec l’accompagnateur AFEST quand la personne n’a que de très faibles aptitudes à l’écrit,
  • Des images ou vidéos de gestes professionnels réalisés en cours de formation et commentés par l’apprenant avec ou sans l’appui de son accompagnateur,
  • Des fiches de présence (papiers ou électroniques) des temps de séquences réflexives réalisés avec son accompagnateur AFEST,

Bref, ce ne sont pas les modalités de preuves qui manquent et elles peuvent toujours être adaptées au profil des apprenants que l’on forme (aisance plus ou moins grande avec l’écrit et/ou l’oral et/ou l’image). Alors, restons objectif ! Ce n’est pas le code du travail qui rend l’AFEST complexe, c’est plus souvent les représentations que l’on s’en fait.

Mais quand on tient de tels propos sur le formalisme de l’AFEST, cela ne veut pas dire qu’il faut faire n’importe quoi et que l’AFEST, c’est une façon moderne de faire de la formation sur le tas.

Pour des raisons pédagogiques et non pas juridiques, l’AFEST nécessite quelques soins à apporter dans sa mise en œuvre :

  • Volontariat ou fort engagement des apprenants,
  • Mobilisation du management de proximité (si possible aussi du top management)
  • Organisation d’espace-temps pour mettre en œuvre les situations de travail apprenantes et les séquences réflexives,
  • Formation et si possible certification des référents AFEST qui conçoivent et déploient les parcours d’AFEST.

Ces exigences pédagogiques (encore une fois, non pas réglementaires), restent du même niveau que celles d’une formation présentielle ou d’une FAD. Sauf, si on considère encore que pour former en présentiel, le formateur n’a pas besoin d’être lui-même formé à la pédagogie ou le manager n’a pas à préparer le départ en formation de son collaborateur et à l’accompagner à son retour, ou encore qu’on n’a besoin ni de salles conviviales, ni d’équipement de qualité pour faire des formations présentielles efficaces. Quant à la formation à distance, n’en parlons pas ! Elle ne se met pas en place en claquant des doigts, nos étudiants en école et à l’université s’en rendent compte tous les jours et commencent à s’en plaindre sérieusement.

Si on veut de la qualité en formation, il faut investir. Et ce n’est pas le code du travail qui nous le demande, c’est notre bon sens pédagogique, notre « éthique professionnelle » pourrions-nous dire.

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Des bénéfices pédagogiques indéniables

Si la mise en œuvre d’une AFEST de qualité n’est pas plus compliquée que celle d’une FAD ou d’une formation présentielle de qualité égale, elle présente des avantages indéniables en cette période de crise sanitaire et peut être encore plus demain quand nous sortirons de la crise :

  • Personnalisation des parcours de formation au contexte de travail,
  • Flexibilité dans l’organisation de la formation (plus d’absence planifiée pour la formation),
  • Implication de l’apprenant et de son manager qui co-produisent avec l’appui de pédagogues le parcours de formation,
  • Coûts externes et annexes de formation limités ou réduits (notamment si la formation est réalisée en interne),
  • Possibilité de se former même en période de confinement (on peut se former en télétravail),
  • Possibilité de former des publics habituellement éloignés de la formation classique,
  • Etc.

Mais pour nous, au-delà de ces bénéfices directs évidents, l’AFEST présente surtout l’avantage d’engager la fonction formation dans la transformation des pratiques pédagogiques. Car l’AFEST, repose sur deux principes fondamentaux qui conduisent à changer de paradigme pédagogique.

Principe n°1 : le travail est formateur

C’est en allant à la rencontre de situations de travail riches et variées que le collaborateur apprend et progresse, et non pas seulement en essayant d’acquérir des savoirs théoriques et méthodologiques transmis par un formateur.

Principe n°2 : le travail est d’autant plus formateur que l’apprenant est amené à penser son travail

C’est par l’analyse réflexive sur les situations qu’il rencontre que l’apprenant apprend et non pas seulement en faisant. C’est tout ce qui différencie l’AFEST de la formation sur le tas, voire du tutorat. C’est parce qu’elle amène le collaborateur à penser ce qu’il va faire, ce qu’il fait et ce qu’il a fait avec l’appui d’un encadrement pédagogique (qui peut être un expert, un pédagogue ou un manager formé à cet effet) que l’AFEST est réellement efficace. A l’inverse de la formation présentielle, l’AFEST ne renvoie pas le « stagiaire » à l’application par lui-même de ce qu’il a plus ou moins appris et de ce qui est plus ou moins applicable dans son contexte de travail mais elle accompagne l’apprenant dans sa montée en compétence quotidiennement.

A l’heure où les budgets de formation sont plus que jamais challengés, que la distanciation physique pourrait être durable et que le retour au présentiel pourrait être repoussé aux calendes grecques, entreprises et organismes de formation doivent s’emparer le plus rapidement possible de l’AFEST, en complément de la FAD. Et cela non pas pour des raisons de simple co-financements, mais pour repenser en profondeur le modèle économique de la formation. Un modèle moins centré sur la diffusion (FAD) ou la transmission (présentiel) de contenus trop souvent inadaptés, et plus orienté sur le besoin de l’apprenant appréhendé dans son contexte de travail et non pas ex-nihilo.

Avec l’AFEST, combiné quand cela est possible avec la FAD et le présentiel, ce n’est pas forcément une formation mieux co-financée qu’il faut viser, mais c’est assurément une formation pour tous, plus directement utilisable que l’on peut espérer. Dans un sens, c’est une formation plus écologique. On se forme juste assez, juste à temps, tout le temps. L’AFEST, c’est d’une certaine manière la fin du gaspillage en formation !

Source : C-Campus

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